20

Un jésuite dans la trentaine, l’air sec, l’allure aristocratique, les accueillit au tiers d’un escalier dont les premières marches disparaissaient sous l’eau.

Pas une parole ne fut échangée.

Resté seul, Florenty, qui se doutait que l’attente serait fort longue, dirigea la barque vers le chœur liturgique que la montée des eaux n’avait point épargné.

Pendant ce temps, sans s’attarder aux mays splendides accrochés aux piliers de la nef, le couple, précédé du jésuite, montait des dizaines de marches, s’étonnant parfois de tel ou tel détail qui semblait fine dentelle de pierre ouvragée.

Ils débouchèrent enfin à l’air libre, sur la tour du midi qui, avec sa jumelle, toisent le parvis.

Puis, par des portes et escaliers dérobés, ils gagnèrent le cœur secret de la cathédrale. On délaissa encore des portes à main gauche comme à main droite avant que le jésuite, baissant sa torche, ne frappe contre une paroi de chêne.

— Qu’ils entrent ! lança une voix grave.

L’homme, auquel il semblait impossible de donner un âge, paraissait doté de deux visages. L’un, côté droit, se singularisait par l’austérité des traits. L’autre, côté gauche, n’était que cicatrices boursouflées qui soulevaient le cœur.

Trois chandeliers d’argent éclairaient généreusement la pièce et, montrant deux sièges à haut dossier, le général des jésuites s’assit à son tour, tentant un peu maladroitement de ne présenter aux visiteurs que son meilleur profil.

Il réfléchit un instant puis commença :

— Loup, tu ne peux imaginer ma joie de découvrir enfin ton visage et de constater sa parfaite harmonie avec ce que je sais, par tes lettres, de ton caractère.

Il se tourna légèrement et, avec un pathétique qu’il n’imagina pas, essaya de dissimuler ses horribles cicatrices violacées :

— Mathilde de Santheuil, je vous salue. Mon nom est… qu’importe, je fus jadis duc de Salluste de Castelvalognes, dernier du nom, et aujourd’hui jésuite. Je sais votre droiture, Mathilde, mais votre loyauté s’abuse quand une cause plus grande, et non point forcément contraire, ouvre à nos yeux et à nos consciences une perspective d’une infinie noblesse.

Il marqua un temps, joignit les mains et reprit :

— Je me trouvais à Marseille voilà presque trente ans, et j’en avais vingt alors. C’était aux plus beaux jours de la fin mai, par un matin très bleu. Une ancienne flûte hollandaise, beau navire marchand, approcha de Marseille venant de Barbarie et des côtes du Levant avec à son bord nombreuses marchandises. Qui pouvait alors deviner qu’elle portait en ses flancs la mort ? Une mort qui allait dévorer la moitié de la population de la grande cité, soit des dizaines de milliers d’habitants ? Une mort pressée d’accomplir son office.

Son regard s’attarda à la flamme d’une bougie et il reprit :

— N’éveillant point l’attention des autorités, ce furent d’abord de misérables morts des quartiers pauvres, ceux de la paroisse Saint-Martin mais, jeune jésuite féru de sciences et en l’attente obligée d’un navire partant pour l’Italie, je ne fus pas sans remarquer détail singulier et inquiétant. Pour tout dire, se voyaient sur les cadavres signes particuliers. Telle avait un charbon sur les lèvres, comme si le diable lui avait embrassé la bouche avec gourmandise, tel autre portait un bubon sous l’aisselle… J’avais immédiatement compris : la Peste, la Peste bubonique, prenait la ville en ses serres et n’allait point la lâcher de sitôt !… Marseille bruissait de rumeurs. Les autorités, davantage inquiètes des « on-dit » que de la réalité du Grand Mal qui allait ruiner la ville, se contentaient de faire enlever les cadavres de nuit afin de prévenir la panique. À ce moment, être transporté à l’infirmerie générale contaminée équivalait à la mort ; aussi les malades fuyaient, transportant le fléau en d’autres quartiers tandis que la chaleur intense aidait à la prolifération. La naissance d’un bubon vous menait à la mort par lynchage ou lapidation : isolé, battu, on brûlait des corps qui parfois remuaient encore. Les moines de Saint-Victor, toute honte bue, dressèrent barricades devant leur abbaye pour repousser les malades. L’autorité faisait cerner Marseille de flammes, dans le vain espoir d’étouffer la Peste. Les corps jonchaient les rues par milliers, les chiens dévoraient les cadavres pourris laissés là où ils étaient tombés. Pauvres gens ! Il en succombait mille par jour ! Par décision royale, Marseille fut coupée du reste du pays. Huit boulangers sur dix étaient morts et, quand on ne mourait pas du Haut Mal, c’était de faim. Comme pour parfaire cette vision d’apocalypse se voyaient parfois des silhouettes de cauchemar, médecins vêtus de chasubles de toile, portant chapeau et gants, masque au nez d’oiseau et qui, armés de longues perches achevées d’un scalpel, incisaient les bubons à distance. La folie débordait la région et gagnait le pays. On brûlait les navires en provenance de Marseille, on assassinait de paisibles voyageurs soupçonnés d’arriver de la ville maudite. Certains étaient brûlés vifs…

Il demeura un instant songeur, comme perdu en ses affreux souvenirs, et reprit :

— Dès le premier jour, j’avais servi, aidé… Bientôt, hélas, le mal fut sur moi et mes compagnons le remarquèrent : frissons, fièvres, maux de ventre et de tête, bubon sous l’œil que, faute de pouvoir inciser au scalpel, je brûlai maladroitement au fer rouge. Mais pour mes compagnons, j’étais marqué du Haut Mal. Marqué, mais duc !

Par privilège que je n’avais point sollicité, on me mit donc sur une barque où je dérivai pendant des jours, affamé, assoiffé, pris de fièvre tandis que s’infectaient les brûlures de mon visage. Une frégate me tira au canon et me manqua puis…

Il observa longuement Loup de Pomonne, ne pouvant dissimuler sa bienveillance, et reprit enfin :

— Un fier et puissant navire de la marine royale remarqua le frêle esquif où je dérivais sans plus d’espoir. Il s’écoula un temps bien long et, imaginant qu’on évoquait mon cas, je ne doutais point qu’il soulevât réticences et hostilité… Enfin, une barque fut mise à la mer où se voyait un homme seul. Ton père, Loup !

Songeant à ce père inconnu, Nissac baissa les yeux afin de n’être point distrait par le regard ému de l’ancien duc et celui, tout de surprise, de Mathilde de Santheuil.

Devinant les pensées du comte, le survivant reprit son récit :

— Il m’examina soigneusement et conclut que le mal, peut-être en raison de ma longue exposition au soleil, avait passé son chemin car ton père, Loup, avait compris d’où je venais, et pour quelle raison. Il m’enjoignit, en cas de questions de l’équipage, d’affirmer que j’étais le seul survivant d’un navire marchand italien qui aurait sombré après un incendie à bord et mes brûlures au visage donnaient quelque crédit à cette histoire. Lorsque nous montâmes sur le navire, l’équipage grondait et les officiers, peu rassurés, laissaient faire… Ton père regarda les hommes un à un, la main sur la poignée de l’épée, et tout rentra dans l’ordre. Au reste, n’ayant aucun malade à déplorer par la suite, on m’oublia rapidement. Une semaine plus tard, sur la dunette du navire, j’eus avec ton père une explication qui changea ma vie, la tienne et, si d’autres reprennent notre œuvre, changera un jour le monde…

Il s’abîma dans le songe, un sourire aux lèvres, et ce sourire craquelait la partie rose et violacée de son visage.

— Que vous a-t-il dit ? questionna Nissac que l’impatience gagnait.

Le général des jésuites rétorqua aussitôt :

— Comme je lui demandais la raison de tous ces risques pris pour un pauvre homme perdu sur une barque au large d’une ville ravagée par la Peste, lui faisant remarquer qu’il eût été aisé, pour lui, de passer son chemin, il me regarda avec surprise et répondit : « Les hommes ne pourront point toujours passer au large de la détresse, fût-ce celle d’un inconnu. Et c’est ainsi que le monde changera. » Sans doute par habitude, et parce que ses paroles ne m’avaient point encore totalement pénétré, je lui fis remarquer que seul Dieu pouvait changer le monde. Il m’observa de nouveau, sembla déçu, et répliqua : « Eh bien non. Chaque homme porte en lui une part de bien et de mal et favorise tel ou tel selon son caractère et son éducation. Il est hasardeux de vouloir modifier un caractère, mais point impossible. En revanche, il n’est point douteux qu’un jour l’éducation puisse favoriser la sensibilité à certaines valeurs. J’ai arrêté mon navire parce que vous souffriez sans doute et que je ne supporte point la souffrance, fidèle en cela à ce dont m’instruisirent mes parents. Dieu n’a rien à voir là-dedans. D’ailleurs, de vous à moi, je n’y crois point. »

Nissac et le général des jésuites échangèrent un sourire, ravivant de vieilles connivences qui troublèrent Mathilde. Le religieux observa la jeune femme.

— Voyez-vous, la pensée, c’est comme une pierre qu’on ôte d’un barrage. L’eau s’y introduit, arrache une seconde pierre, une autre encore, et la brèche s’élargit toujours davantage.

— Au point de remettre en cause l’existence de Dieu et la nécessité d’un roi ? demanda Mathilde de Santheuil à la grande stupéfaction des deux hommes.

Le général des jésuites passa une main sur ses cicatrices en un geste qui lui était sans doute familier. Puis il hocha la tête.

— On ne m’avait point trompé en m’avertissant de votre grande intelligence, chère Mathilde. Mais laissons Dieu pour une autre fois, c’est là sujet fort complexe.

Ignorant le regard admiratif que lui portait le comte, la jeune femme poursuivit :

— Alors parlons du roi, ou de la royauté.

Un peu bousculé, celui qui vivait au cœur secret de la cathédrale Notre-Dame reprit en levant ses yeux clairs sur Mathilde :

— Que croyez-vous qu’il arriva ? Mon sauveur mourut peu après et je ne pus reprendre avec lui cette conversation où je n’avais guère brillé et l’avais déçu. Mais je réfléchissais, lisais et, s’ajoutant à mon action à Marseille, cela contribua à m’élever dans la hiérarchie des jésuites, ce qui présentait l’avantage de me laisser du temps pour l’étude et la réflexion… De quoi avions-nous manqué à Marseille ? De liberté ! Liberté de prévenir, liberté d’entreprendre, liberté de secouer les échevins !… Nous avions aussi cruellement manqué de fraternité, celle qui se manifesta chez monsieur de Nissac lorsqu’il fit arrêter son beau navire, celle qui aurait dû pousser les Marseillais à s’entraider plutôt que s’entretuer !… Enfin, nous avions manqué d’égalité. Oh, certes, la Peste frappait aussi les riches mais combien avaient réussi à fuir et à survivre en leurs belles bastides quand ceux du peuple tombaient comme des mouches ?

— L’égalité ! L’égalité et son contraire ! répondit Mathilde de Santheuil avec amertume mais, contrairement à ce qu’elle imaginait, les deux hommes comprirent qu’elle songeait à l’inégalité de la naissance, celle qui place une minorité dans un monde de plaisirs quand d’autres, harcelés par la misère, craignent jusqu’à leur ombre ; l’inégalité, enfin, qui empêchait un comte de vieille noblesse de s’unir à une femme de condition inférieure.

Mathilde continua :

— Mais comment faites-vous avancer ces idées nouvelles ?

Nissac prit la parole :

— Il est bien des moyens. En voici un, parmi tant d’autres : notre ami ici présent rédige les livres de « certains » en éclatant sa pensée par fragments mais, réunis par des hommes de bien et d’intelligence, ces fragments forment un ensemble et le socle de nos idées nouvelles. Au reste, cette réunion d’idées éparpillées, « certains » la pratiquent déjà. Tenez, le cas de Claude Joly, chanoine de Notre-Dame et protégé du coadjuteur : il travaille à un Recueil de maximes véritables et importantes pour l’institution du Roi. Il en ressort que les rois n’ont point fait les peuples, mais que les peuples ont fait les rois. Ainsi place-t-on avec quelque finesse le peuple au-dessus du roi et suggère-t-on pour ceux qui ont fine intelligence que les peuples ont le droit de déposer les souverains… Mais Joly travaille sur des notes que lui prépare notre ami. Par vanité, le chanoine se gardera bien de le révéler, ce qui sert à merveille nos grandes et belles idées ! Comprenez-vous, Mathilde ?

— Je crois que oui.

La flamme des bougies vacillait lorsque Mathilde de Santheuil et le comte de Nissac prirent congé du général des jésuites.

Silencieux, ils retrouvèrent la barque où les attendait Florenty mais, pendant tout le voyage de retour, le comte ne lâcha point la main de la jeune femme.

Ils s’aimaient.

Depuis le premier instant, certes, mais plus encore aujourd’hui que les unissaient grand secret et rêve d’humanité heureuse. Cependant, de peur de briser un charme, ils ne pouvaient s’avouer leur sentiment.

Mais que resterait-il de tout cela lorsque la Fronde, montant en puissance, ferait vaciller le trône du royaume des lys ?

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